26 juin 14 JUILLET
2024

La victoire d’une renaissance

Le Tour Voile a tenu ses promesses en renouant avec ses fondamentaux et ainsi permettre aux plus jeunes de découvrir et plonger dans l’aventure du large.

Ce nouveau rendez-vous estival a allié sport de très haut niveau, en mer, et un esprit mêlé de fairplay et de convivialité à terre. Ce Tour 2023 fut une pérégrination d’environ 700 milles qui a mené les 12 puis 14 Figaro Beneteau 3 (LJ Sailing et Interaction ayant rejoint le reste de la flotte sur l’acte 2) des Côtes d’Armor jusqu’en Charente-Maritime. Les concurrents se sont arrêtés au total dans 6 villes étapes : Saint-Quay-Portrieux, Brest, Lorient, Quiberon – Port Haliguen, Pornichet avant de clore cette renaissance à La Rochelle. Ils étaient, enfin, une soixantaine de bizuths à avoir répondu présents pour participer au retour de cette course au large majeure, absente depuis 2021.

Équipe Bretagne Jeunes Habitable, en tête du classement général provisoire depuis le 11 juillet dernier, devient donc le 43ème équipage à voir son nom gravé sur le trophée historique datant de 1978. Dunkerque Voile et ID Voile Passion Santé complètent le podium final au terme de 12 parcours côtiers et 5 courses de ralliement.

Un Tour Voile fidèle à son créateur : Bernard Decré

« Le Tour Voile renaît après une période un peu floue, souligne son créateur, Bernard Decré. Quand je l’ai créé en 1978, j’avais acheté 20 bateaux alors que je n’avais pas un sou. Il s’agissait de l’écume-de-mer. Le Tour, ce sont des bateaux habitables, capables de naviguer de Dunkerque à Menton. C’est avant tout une belle histoire. Nous avons dû faire naviguer plus de 10 000 équipiers au total. C’est du haut niveau malgré la jeunesse de certains participants. Et les cinq premières places du classement ne sont pas facilement touchables. Cette course est très prenante. Je suis content de voir que l’aventure continue. »

Tour Voile 2023, Etape Brest, parcours construits en rade de Brest, arrivée à Brest, le 3 juillet 2023, photo © J-M LIOT Images # TourVoile

Accompagner les jeunes skippers de demain

« Cette compétition fait partie de l’histoire de la voile en France, résume Jean-Luc Denéchau, Président de la Fédération Française de Voile. C’est une très belle réussite de renaissance d’une épreuve que l’on peut qualifier de mythique. »

Samedi 15 juillet, lors de la remise des prix au Port des Minimes de La Rochelle, l’ensemble des navigateurs s’accordait sur ce point et attendait déjà la prochaine édition, prévue l’année prochaine. « Si nous devions ne retenir qu’un mot pour cette édition, ce serait la « kiffance », s’ébaudissent Emmanuel Bachellerie et Mathieu Sarrot, dirigeants d’Ultim Sailing et organisateurs du Tour Voile. Nous l’avons beaucoup entendu au cours de ces 15 derniers jours. Sur les 77 marins, la moyenne d’âge se situait entre 22 et 24 ans. Nous allons donc leur faire plaisir et reprendre un mot à eux. C’est super qu’ils l’aient vécu comme ça. Ils avaient l’air fatigué mais heureux. Au début, nous nous sommes dit que certains marins talentueux, présents sur le circuit depuis longtemps, allaient peut-être écraser ce Tour. Puis finalement, les cartes n’ont pas arrêté d’être redistribuées. »

Et Jean-Luc Denéchau d’ajouter : « Cette édition a permis de recréer de bonnes bases pour se développer dans les années à venir. Le fait que, pendant un certain temps, le Tour Voile ne se soit pas fait avec des bateaux habitables, qui permettaient des étapes de ralliement et donc de découvrir le large, a créé un manque dans la formation. La volonté première de relancer cette course était de pouvoir offrir l’opportunité à des jeunes d’entrevoir la compétition de nuit en mer. Car dans les valeurs de la fédération, la transmission et la solidarité sont essentielles. »

Pour que cette compétition revienne véritablement à sa version originelle, il était donc indispensable que les concurrents retrouvent un support habitable.

« Il nous paraissait assez cohérent de proposer le Figaro Beneteau 3 comme support en équipage, développe Jean-Bernard Le Boucher, Président de la classe Figaro Beneteau. En effet, ces derniers temps, nous remarquions une baisse du nombre de skippers sur les départs des courses et nous avons ainsi cherché à en comprendre la raison. Nous nous sommes alors dit que le support, du fait de son exigence en solitaire ou en double, pouvait effrayer les plus novices. Puis, le Tour Voile pouvait parfaitement s’inscrire dans l’Académie Figaro Beneteau, créée en 2022. Cette dernière propose des courses en équipage à des jeunes pour leur permettre de mieux appréhender le support, à l’instar du Tour Voile. Les équipages ont l’obligation d’embarquer au moins une femme et deux jeunes de moins de 26 ans, avec la possibilité de naviguer aux côtés de skippers plus expérimentés. »

L’occasion donc, de former les futurs Franck Cammas, Quentin Delapierre ou Damien Seguin de demain. « Nous avons fini l’acte 2 avec 14 Figaro Beneteau 3. L’objectif serait d’en avoir une vingtaine dès la prochaine édition, en 2024 », déclare Jean-Luc Denéchau.

Tour Voile 2023, Etape Brest, parcours construits en rade de Brest, arrivée à Brest, le 3 juillet 2023, photo © J-M LIOT Images # TourVoile

Sobriété comme maître mot

Relancer le Tour Voile était ainsi une volonté commune de la Fédération Française de Voile, de la classe Figaro Beneteau et d’Ultim Sailing, la société organisatrice, mais pas à n’importe quelles conditions. « Nous sommes dans la formation, la transmission, mais il ne faut pas occulter la sobriété, explique Jean-Bernard Le Boucher. Nous avons réduit le Tour à deux semaines de course, car personne ne souhaite que les bateaux soient transportés par la route d’une étape à l’autre. Nous continuerons à sillonner la France en segmentant les côtes françaises chaque année. »

Le Tour Voile devrait donc s’établir l’an prochain en mer du Nord et en Manche, offrant à l’équipe dunkerquoise la possibilité d’une revanche à domicile contre ses adversaires bretons. Rendez-vous est donc pris à l’été 2024 pour de nouvelles aventures remplies de compétitions acharnées mais aussi d’authenticité et de simplicité.

« L’objectif pour l’année prochaine serait d’avoir entre 6 et 7 villes, confient les organisateurs. Nous envisageons d’aller jouer dans les Hauts-de-France, en Normandie, et peut-être sur un bout de Bretagne pour ce nouveau tronçon. »

Mais pour l’heure, s’il y avait deux images à retenir pour Mathieu Sarrot et Emmanuel Bachellerie, ce serait d’abord celle du départ de la course Brest – Lorient, partie le 6 juillet dernier de l’anse de Camaret sur fond de falaises de grès armoricain. « Il y a des moments de grâce comme ça, nous savions que le vent serait capricieux lors de cette 6ème course. Il s’est levé pile au moment de mouiller la ligne, offrant un départ fabuleux ». Celle, enfin, des retours au ponton après la 17e et dernière course du Tour.  « Les visages fatigués mais heureux des 14 équipages à la fin de 16 jours d’événement arrivant au ponton après 17 courses engagées, ça vous donne le sentiment du travail bien fait. »

Retrouvez le classement général final ici